Délires à lire (suite et fin)
Voici enfin le troisième et dernier volet de cette nouvelle, qui laisse plus ou moins mamie Thérèse de côté pour en revenir à nos deux jeunes lesbiennes fraîchement rencontrées. Charlie reprend donc la narration :
Je n’arrive pas à me concentrer sur mon travail. Impossible de détacher les yeux de la porte d’entrée. Je suis tellement excitée que j’ai peur de rester collée à ma chaise. Si elle ne vient pas aujourd’hui, je ne sais pas si j’y survivrai ! Il est près de 14h et je n’ai même pas pris la peine d’aller manger de peur de la rater. Pour passer le temps, je me fais tout un tas de scénarios dans ma tête, tous plus chauds les uns que les autres, et chacun d’eux inclut Yaëlle et un régiment de livres. Malheureusement pour moi, j’ai une imagination débordante pour certaines choses. Si seulement je pouvais être aussi fertile pour ma thèse…
Une jupe longue apparaît. Un corps gracile, un visage radieux, un regard à couper le souffle… Elle est là. Elle investit toute la bibliothèque de son éclat et je me fais l’impression d’un point noir. Pour un peu je me cacherais ! Mais elle m’a vue. Elle s’approche.
– Viens ! me dit-elle en arrivant à ma hauteur.
Elle prend ma main et m’entraîne vers le fond de la bibliothèque. Devant une porte où il est écrit « Personnel uniquement », elle m’attrape par la taille et m’embrasse à pleine bouche puis me dit :
– J’ai rêvé de ça toute la nuit !
Et moi donc ! Et toute la matinée aussi…
D’un geste sûr, elle ouvre la porte tout en déboutonnant mon jean. Elle m’attire à l’intérieur d’une petite pièce obscure où les livres s’entassent dans le plus grand désordre. Le décor parfait !
– Tu es sûre que ça ne craint rien ?
– On ne le saura qu’en essayant, me dit-elle, mutine.
Déjà sa bouche court le long de mon cou, pendant qu’elle écarte le col de ma chemise pour atteindre mon épaule. Ses mains s’appliquent à défaire mes boutons et sa jambe vient appuyer sur ma braguette. Suis-je dans un de mes fantasmes ? Vais-je me réveiller d’un moment à l’autre, nez-à-nez avec mon ordinateur, un filet de salive aux commissures des lèvres trahissant mon égarement onirique ? Non, je respire ses cheveux, je l’entends gémir, je goûte sa peau, je sens partout ses mains, ses lèvres, je tremble sous la pression de son corps, je me perds dans ses yeux pétillants de désir. Son impatience est telle que sans même prendre la peine d’en finir avec mes boutons de chemise, dont le dernier semble être récalcitrant, elle glisse sa main entre mon jean et ma culotte pour venir poser ses doigts sur mon interrupteur à plaisir… Elle m’allume. Je prends feu.
– Humm, tu es déjà si mouillée…
– Ah, tu l’as remarqué ?
Les petits cercles qu’elle commence à décrire par-dessus ma culotte n’aident en rien à stopper l’inondation qui menace de me trahir à travers mon jean. Bientôt, je n’arrive plus à réfléchir ni à articuler, et le simple fait de devoir me concentrer pour ne pas crier m’apparaît comme la pire épreuve, digne des douze travaux d’Hercule !
J’entends vaguement son souffle à mon oreille, court, saccadé, presqu’autant que le mien. Pendant une seconde, ses doigts se détachent de leur objectif pour mieux le retrouver sans son ultime barrière de coton. A leur contact direct, j’ai l’impression que mon clitoris est sur le point d’exploser, et pour ne rien arranger, une autre main vient se poser sur mon sein, emprisonnant mon téton.
Mon corps entier lui est ainsi livré sans la moindre résistance. Et c’est avec un plaisir certain que je la sens elle aussi s’abandonner quelque peu : de son sexe, elle vient frotter ma cuisse et chaque mouvement la pousse un peu plus contre moi.
Quand je discerne l’horizon imminent de ma jouissance, deux de ses doigts s’égarent jusqu’à l’entrée de mon sexe et me pénètrent brutalement. Je n’ai pas le temps d’être surprise. Je jouis sous la répétition de ses assauts et me contracte en la maintenant fortement contre moi. Les vagues de plaisir qui déferlent dans mon bas-ventre semblent ne plus vouloir s’arrêter, et elle pousse le vice jusqu’à encourager la persistance de cet orgasme en perpétuant le mouvement diabolique de ses doigts. Dans ma poitrine, c’est la révolution ! Dans ma culotte, un cataclysme ! Dans ma tête, une rébellion ! Pour arrêter tout ça, je n’ai pas d’autre moyen que de m’arracher à son étreinte et inverser les rôles.
Presque sans précaution, je la renverse sur le bureau envahi de livres et de papiers et plaque ma bouche contre la sienne. Sa main, encore humide de mon plaisir, vient saisir ma tête par les cheveux pendant que j’écarte ses cuisses sous mon bassin. Malgré le bourdonnement qui s’y fait encore sentir, je colle mon sexe contre le sien, à travers sa jupe, à travers mon jean défait. Elle gémit un peu trop bruyamment, et s’en mord la lèvre. Je me frotte plus fort, et la morsure du tissu sur mes chairs encore sensibles me fait vibrer dans un écho d’orgasme qui refuse de s’éteindre. J’en ai presque mal, mais c’est trop bon!
De la langue, je redessine les courbes de son oreille, de son cou, pendant que nos bassins s’agitent. Elle gémit encore. Sa peau est salée, épicée, enivrante. Je veux la goûter, la dévorer. En soulevant son haut d’un geste sec, elle m’offre ses seins, libres et fiers, ronds et fermes… et je ne résiste pas à ses tétons jusqu’alors seulement devinés. Ils sont bien plus foncés que les miens, plus larges également, et leur relief me fascine. Ma langue les découvre, les recouvre, et mes lèvres les enserrent précieusement.
D’une main inquisitrice, je soulève lentement le tissu léger qui me cache ses jambes. Je le retrousse jusqu’à la taille et le bloque contre mon ventre alors que ma main repart pour une autre mission tout aussi délicate. Elle m’aide, d’un mouvement de hanches, à faire glisser sa culotte à ses pieds. Ma bouche quitte alors sa poitrine pour s’engager entre ses cuisses. Je m’immobilise à quelques millimètres à peine, et c’est elle qui vient de son sexe rencontrer mes lèvres, dans une violente tension de tout son corps.
Je savoure cette seconde exquise où plus rien ne compte que ce contact fluide, cette fusion charnelle où l’inconnue se révèle dans le brasier de l’intimité. Ma langue devine ses envies, ses besoins à chacun de ses sursauts, et elle y répond de bonne grâce. Son clitoris enfle sensiblement, et à chaque coup de langue, la pression de ses mains sur ma tête augmente.
– Oui… Oui… Oui !
Son corps semble bouger sans le moindre contrôle, ses jambes se referment sur moi dans un réflexe galvanisant. Ma détermination se renforce et mes mains viennent chercher la rondeur de ses fesses. Mes lèvres l’emprisonnent résolument et comme mes doigts, tels les griffes d’un chat satisfait, impriment leur marque dans le velouté de sa croupe, ma bouche l’aspire et se délecte de sa vulve jusqu’à ce que…
– Oh oui ! Oui ! Oui ! Ouiiiiiiiiiii !!!!!
Oh mon Dieu ! Elle jouit sans aucune retenue, et sa voix en cet instant fait naître en moi une furieuse contradiction : je suis partagée entre la peur d’être découverte, et une excitation encore plus grande. Je suis loin d’être rassasiée.
Le souffle encore entrecoupé de gémissements, elle se redresse et porte mon visage à ses lèvres. Son baiser est sans réserve. Je prends un peu de recul pour apprécier ses traits. Un franc sourire illumine sa figure, et je ne peux m’empêcher de rire moi-même.
– C’était… bon ?
– Très bon.
– Est-ce que tu veux… encore … ?
– Encore et toujours !!!
Je n’ai pas le temps de me réjouir de sa réponse. Des pas résonnent dans le couloir juste devant la porte. Nous avons à peine le temps de nous précipiter sous le bureau que la porte s’ouvre.
– Il y a quelqu’un ?
Difficile de garder le silence dans ces circonstances, rester immobile l’est encore plus quand on serre contre soi l’objet de ses désirs. Yaëlle est assise sur moi et a posé sa main sur ma bouche. Les pas se rapprochent de nous et la même question se fait entendre une seconde fois. Mon cœur bat tellement fort que je suis presque persuadée que c’est son bruit sourd qui va nous trahir.
Yaëlle aussi s’emballe, mais plus dangereusement que moi. Dans le silence de cette atmosphère oppressante, elle vient poser sa main sur mon entrejambe. Je la regarde, incrédule, et son sérieux me précipite dans un abysse insondable. Bien malgré moi, mon sexe bouillonne et la pression de ses doigts manque de me faire gémir.
Comme par égard pour ma pauvre pompe sanguine sur le point de défaillir, le consciencieux bibliothécaire à l’affut se décide enfin à faire marche arrière. Il n’a pas encore refermé la porte quand la main de ma tortionnaire rentre en contact direct avec … ce volcan érogène qui culmine dans mon pantalon. Je me mords l’intérieur des joues jusqu’au sang pour m’empêcher de crier. Mes yeux lui envoient des foudres de fureur et d’avidité à la fois. Quand nous nous retrouvons enfin seules, j’explose en sifflant :
– Non mais ça va pas ?!
– Ne me dis pas que ça ne t’excite pas.
Effectivement, je ne peux pas le dire.
– Moi aussi je veux te lécher, me dit-elle pour m’achever.
A la seule idée de sa bouche sur moi, je suis à deux doigts de l’orgasme, sans mauvais jeu de mots.
Sans nous soucier du moindre confort, nous nous allongeons à même le sol et ses mains tirent frénétiquement sur mon jean. Elle ne prend pas la peine de dégager plus de surface que le strict nécessaire et se jette avec voracité sur mes lèvres que ses doigts entrouvrent. Fier et gonflé, mon clitoris l’accueille héroïquement. Malheureusement, je me sens bien moins glorieuse que lui, et je sais qu’à ce rythme-là, il ne me faudra pas deux minutes pour…
– Oh mon Dieu ! Attends, je… je.
Mais elle n’attend pas. Et je jouis dans sa bouche, sa langue continuant imperturbablement ses circonvolutions machiavéliques. Le cri que je retiens se mêle à ma salive et le goût du sang dans ma bouche me secoue. Je reprends mes esprits presqu’instantanément, bien décidée à prendre ma revanche.
Sans ménagement, je me retourne et la maintiens face contre terre, caressant de mes dents la naissance de son cou au sommet de son épaule. Comme si elle s’était habituée à ce geste grisant, ma main remonte une nouvelle fois sa jupe pour dégager le charmant rebond de ses fesses. Emue mais résolue, elle caresse tendrement ces chairs fermes et frétillantes avant de s’engouffrer dans cette zone détrempée qui l’attire. Mes doigts s’attardent quelques secondes à l’entrée de son sexe, mais son impatience m’implore :
– Viens ! Vite…
Ses désirs sont des ordres. Je rentre en elle comme on trouve une oasis : assoiffée. Ses gémissements me font tourner la tête, mais mes doigts, eux, ne perdent pas le nord. Ils s’affairent lascivement dans ce cocon chaud et humide. Quand j’accélère, elle se tait et se tend de plus en plus sous mon corps. Quand enfin mes doigts ne deviennent plus qu’une intense vibration, elle reprend (un peu plus en sourdine cependant) son incantation approbative :
– Oui… Oui… OUI !!!
– Chut… fis-je dans un sourire.
– Humm…
Quand nous sortons de la salle, nous envisageons d’un commun accord de reprendre cette conversation dans un lieu plus… approprié. Je lui explique que je dois attendre une amie et nous décidons d’un rendez-vous pour le soir même. Belle perspective. Puis je dois me contenter de la regarder s’en aller. Quand elle arrive à la porte, elle croise Thérèse, avec qui elle échange quelques mots, le sourire aux lèvres.
Dernière partie (le mot de la fin pour Thérèse)
– Bonjour jeune fille !
– Bonjour madame, me répond-elle poliment.
– Oh ne m’appelez pas « madame » ! Je m’appelle Thérèse.
– Bonjour Thérèse, moi c’est Yaëlle, dit-elle gentiment, mais visiblement perplexe.
– Enchantée Yaëlle. Vous êtes bien mignonne mon petit, vous devez en faire tourner des têtes !
– Oh merci mad… Thérèse.
– Vous êtes venue pour Charlie ?
– Mais comment ?!… Ok… disons que… je suis « revenue » pour Charlie.
– Et … est-ce que vos intentions sont honorables ?
– J’avoue que je ne sais pas encore quelles sont mes intentions Thérèse…
Ah, l’insouciance de la jeunesse !!!
– Mais je crois qu’elle en vaut la peine ! se rattrape-t-elle.
– Pour sûr !
– Et si elle veut bien nous donner une chance…
– Parfait. Ne lui abîmez pas les ailes mon petit, ne lui abîmez pas les ailes.
– Je ferai de mon mieux mada… Thérèse, me dit-elle dans un sourire tendre et radieux.
Je ne sais pas ce que ça peut valoir au lit, mais décidément, elle a bon goût ma Charlie. Et comme je m’apprête à la quitter elle me lance :
– Elle a bien de la chance, Charlie de vous avoir pour amie…
Et elle s’en va dans un clin d’œil et les volutes de sa jupe longue.
A sa place habituelle, je vois que ma jeune amie nous a observées. J’en souris à l’avance. Je suis, comme tous les jours, impatiente de la retrouver, mais aujourd’hui peut-être plus encore. Non que je compte lui raconter en détail mes parties de jambes en l’air avec Albert, mais… les grandes lignes peut-être, parce que cette fois, j’ai quand même tiré le gros lot (si je puis me permettre…) ! En m’approchant d’elle, je devine aux rougeurs sur son visage et à ses cheveux encore plus ébouriffés que d’habitude qu’elle aussi doit avoir quelque chose à me mettre sous la dent…
– Au diable les bouquins et ta fichue thèse aujourd’hui, viens donc prendre un coca à la maison !
– Mes respects à votre sagesse, Thérèse !
Et nous voilà parties, bras dessus bras dessous de l’autre côté de la rue, pour éviter à tous ces rats de bibliothèque de se consumer d’exaspération à l’écoute de nos nuisances de commères, sans comprendre que rien de ce qui se trouve dans ces livres, aussi bons soient-ils, ne pourra remplacer l’expérience et le partage de la vie dans toute sa démesure.
Fin
Il fait très chaud là non ?
J’aime beaucoup comme tu écris, bien plus chaud que les miens (si si je t’assure !)
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Ah… c’est trop… détaillé peut-être. Trop direct ? trop précis ?
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C’est tout bien comme il faut !
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C’est très bien. Direct et précis, oui, mais en quoi serait-ce gênant ?
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Merci @claire , le tout c’est que ça reste plaisant à lire… 😉
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Un des plus beaux fous rires de ma vie. Je suis amoureuse de Thérèse. Merci.
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je sais plus trop a partir de quand j’ai quitté le mode lecture pour le mode cinéma mais en tout cas c’était trop bien ! ^^ c’est juste dommage que ce soit finit … ( ah bah oui faut pas nous vendre des personnages attachants comme ca … 🙂 ) ( ps : si t’en as d’autre et puis que par hasard t’aurais envie de les faire partager et ben ce serait un plaisir 🙂 )
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Plaisant, oui, très. Et c’est vrai qu’on s’attache aux personnages et qu’on a envie d’en savoir plus… Tu envisages de commencer à penser que, peut être, tu pourrais continuer ?
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@cillian pour ton rire, je rendrai Thérèse éternelle.
@florine et @claire je pourrai peut-être faire une suite… parce que j’en ai d’autres, mais moins sympa. Du coup, j’ose pas les mettre.
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Ben… tu peux quand même essayer, non ? Nous ne serons qu’indulgence …
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+1 florine pour le mode cinéma
@pucedepoesir je euh je euh merci euh Madame euh *a encore inondé le plancher*
Et euh sinon, la prochaine fois, enfin euh quand y aura une suite euh je m’assurerais d’être en charmante compagnie « au cas où » ça me ferait le même effet…
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@pucedepoesir Heu… je suis sans voix, je heu … MERCI !!!! 😀
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@Gashyr et @Red je connais une bonne orthophoniste pour tous ces « euh » et « heu » !;)
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Sympa comme tout cette petite nouvelle ! enfin surtout la 3ème partie of course !
C’est dingue le pouvoir érotique des endroits publiques !
C’est du connu les bibliothèques ?
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@sogwen je ne sais pas si c’est un classique du genre, mais je suppose que quand on y passe beaucoup de temps, ça le devient forcément… 😉
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