Roland Garros, jeu set et match entre deux courts

Jeu, set et match entre deux courts

Tout avait commencé par un sourire. Tout commence toujours par un sourire. Un sourire franc, avec la touche de timidité nécessaire pour ne pas être agressif. Un sourire qui en invite un autre en retour. Elle lui avait souri dans la tiédeur de l’anonymat. Et une intimité s’était alors créée d’elle-même. Une intimité anonyme.

Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Où allait-elle ?

Peu importait finalement. N’existait que son sourire à travers la foule et la chaleur suffocante de ce début d’été à Roland Garros. Partout autour, des gens qui erraient entre deux matchs, des odeurs de friture, des noms de joueurs scandés avec ferveur. Et elle, qui lui souriait, sans raison.

Nathalie se sentait comme dans ces moments où le temps se fige, où tout semble se dérouler au ralenti, où les choses alentour basculent dans une autre dimension quand votre regard se focalise sur un point et un seul. A cet instant-là, elle ne regardait que son sourire.

La connaissait-elle ? Elle en avait l’impression. Comme si elle retrouvait sa meilleure amie d’enfance, ou sa sœur d’une autre vie, parallèle ou antérieure.

Elle était trop foncée pour être blonde, sans être brune non plus. Elle n’était ni jeune, ni vieille : ses yeux avaient l’éclat et l’insouciance de l’enfance, mais son sourire semblait avoir l’âge du monde. Adossée à un stand de boissons fraîches, sa svelte silhouette évoquait les lignes alanguies d’une déesse hédoniste en mal d’amusement. La sensualité qui émanait d’elle était palpable.

Pourquoi diable lui souriait-elle à elle ?

Nathalie regarda curieusement derrière elle, comme si elle cherchait une explication extérieure à ce sourire. Mais non, il apparaissait très clairement, qu’elle était l’unique point de fuite de l’attention de cette femme.

Comme le temps, son corps s’était figé. Sans qu’elle ne puisse s’expliquer pourquoi, son cœur frappait de plus en plus fort dans sa poitrine. Quand la femme se détacha de son point d’ancrage pour avancer, féline, droit sur elle, Nathalie crut que sa cage thoracique allait éclater. Cent cinquante-troisième joueuse mondiale, elle venait de gagner son match contre une Russe ayant plus de cent places d’avance sur elle au tableau. Elle doutait que cette victoire lui vaille le moindre intérêt de la part du public, ni la moindre reconnaissance. Et si elle venait de vivre une émotion superbe en passant le premier tour de Roland Garros, tout lui semblait soudain terriblement lointain, futile.

Elle arrivait, elle était là.

Son sourire s’accentua, et malgré elle, Nathalie le lui rendit.

Quand elle s’arrêta devant elle, Nathalie inclina la tête dans une interrogation muette.

–          Excusez-moi, mais autant vous le dire, vous avez coincé votre jupe dans votre… shorty.

–          Ah ?!…

Nathalie crut se liquéfier sur place. Hâtivement, exprimant sa honte dans un fard écarlate, elle libéra sa jupe de son sous-vêtement.

–          Tout le monde a pu voir…

–          Vos fesses, oui. Mais je pense que personne n’avait envie de s’en plaindre.

Nathalie rougit de plus belle et bafouilla :

–          Merci… de me l’avoir dit.

–          C’était stratégique, répondit la femme dans un autre sourire, carnassier cette fois. J’aurais pris un malin plaisir à vous suivre comme ça pendant des heures pour profiter du spectacle, mais d’un autre côté, ça me donnait une bonne excuse pour vous aborder.

Surprise, Nathalie en resta bouche bée.

–          Liz Anderson, se présenta la femme en tendant la main.

–          Euh… Nathalie Marques, répondit la jeune femme en saisissant la main tendue.

Leurs regards s’accrochèrent et la puissance de séduction que rencontra Nathalie dans les yeux de Liz la fit vaciller.

–          Vous… allez bien ? s’inquiéta la belle inconnue, dont le regard se troubla.

–          Euh… oui, tout va… bien.

–          Vous avez gagné votre match, vous avez dû trop puiser dans vos forces…

–          Oui… non. Ça va… Vous… vous savez que j’ai gagné ?

–          Comme la France entière, je crois. Sauf que moi j’aurais eu le privilège de vous voir jouer ce match en direct.

–          Ah… bien… Je… euh… suis désolée.

–          Mais de quoi mon Dieu ?

Pourquoi venait-elle de s’excuser ? Elle n’en savait rien. Elle ne savait plus rien que ces yeux, que ce sourire, que cette main que Liz tenait toujours de ses doigts fermes et frais. Nathalie partit dans un petit rire nerveux. D’un seul coup, toute la fatigue accumulée par ces derniers jours de préparation, le stress de s’embarquer sans réussite possible dans un tournoi du Grand Chelem, le poids à porter en tant que française chez elle, les retombées physique du match passé, les espoirs pour le match à venir, tout cela disparaissait, s’effaçait dans le regard et le sourire mi-amusé, mi-interrogatif, d’une parfaite inconnue. Nathalie se sentit soudain si légère qu’elle en rit franchement, entraînant avec elle une Liz incrédule. Leur fou rire dura une longue minute pendant laquelle elles détournèrent bien des têtes autour d’elles.

–          Je vous connais ? s’enquit Nathalie, entre deux soubresauts. J’ai l’impression que je vous connais.

–          Pas encore, non. Mais il ne tient qu’à vous de faire plus ample connaissance.

–          Qu’est-ce que vous proposez ? demanda Nathalie, se mordant subitement les lèvres, inquiète d’entendre une réponse aussi directe que ce que pouvait laisser entendre l’approche franche de Liz.

–          Ne faites pas ça, invectiva-t-elle.

Sa voix avait retrouvé tout son sérieux, et son regard se fit brûlant.

–          Pardon ? Pas quoi ?

–          Ce truc, avec vos lèvres…

–          Ah… Désolée… Mais… Euh… Pourquoi ?

–          Parce que vous êtes irrésistible quand vous faites ça.

Nathalie eut du mal à déglutir. Liz s’était rapprochée en disant ces mots. Son regard planté dans celui de Nathalie, son souffle à portée de peau, son corps à quelques centimètres à peine de l’autre, elle ajouta :

–          Maintenant, j’ai terriblement envie de vous embrasser.

–          Moi ? s’étrangla Nathalie.

L’assurance et la détermination qu’elle lut sur son visage la fit frissonner. Bien malgré elle, submergée par une nouvelle vague de chaleur et une irrépressible attirance, elle se mordit à nouveau les lèvres dans un tic nerveux. Ce petit geste, si anodin, si involontaire, venait de déclencher des foudres de désir dans les yeux de Liz. Nathalie le réalisa bien trop tard.

–          Vous avez recommencé.

–          Je…

Les mots d’excuses de Nathalie moururent sur les lèvres de Liz qui se pencha pour les recueillir dans un baiser bref mais intense. Son corps emprisonnant celui de Nathalie, Liz ne desserra pas son étreinte en libérant la bouche de la jeune femme. Ainsi enlacées, en plein milieu des allées bondées de Roland Garros, chacune sentait les pulsations furieuses soulever la poitrine de l’autre. Leurs souffles courts s’harmonisaient à la cadence folle d’un métronome emballé.

Sans se dégager mais en prenant un minimum de distance, Nathalie osa :

–          Mais que… qu’est-ce que vous me voulez ?

–          J’ai envie de vous, là, maintenant, tout de suite.

–          Vous êtes sérieuse ?

Devant la gravité du regard de Liz, Nathalie puisa en elle les ressources nécessaires pour reprendre pied dans la réalité. Sans qu’elle ne puisse expliquer pourquoi ni comment c’était possible, son corps lui criait son désir pour cette femme qu’elle ne connaissait même pas. Il lui fallait revenir sur Terre.

–          Non, mais je ne sais même pas qui vous êtes, et… et puis on est à Roland Garros ! On ne peut pas… objecta Nathalie, alors que son corps s’incrustait plus avant dans celui de cette belle femme.

–          Je m’appelle Liz, je vous l’ai dit, et j’ai envie de vous. Et je crois que vous avez aussi envie de moi. Si c’est le cas, venez, l’incita-t-elle en la libérant de son étreinte et lui tendant la main.

–          Juste comme ça ? s’enquit Nathalie, incrédule, lorgnant malgré elle cette main tendue.

–          Juste comme ça. Et plus si affinités.

Le sérieux de Liz effrayait quelque peu la jeune femme. Elle avait soudain l’impression que sa vie se jouait sur cette décision, comme une mise en danger, un risque à prendre pour une balle de match à ne pas manquer.

Les yeux fermés sur son incertitude et sa crainte, Nathalie saisit fébrilement la main de Liz, qui referma résolument ses doigts sur sa proie.

–          Je tiens à dire que je ne sais absolument pas ce que je fais…

–          T’inquiète, moi je sais. Je vais te faire jouir. Plusieurs fois, affirma Liz avant d’entraîner une Nathalie interloquée dans une marche précipitée.

Nathalie n’était même plus consciente d’où elle était. Elle avançait dans le sillage de Liz, grisée par ces derniers mots. Elle ne remarquait pas qu’elles s’éloignaient des rumeurs de la foule, de la chaleur des allées trop offertes au soleil de plomb de cette fin mai. Elle aurait été incapable de dire dans quelle direction elles étaient parties, ni comment elles s’étaient brusquement retrouvées dans cette zone déserte, à l’abri des regards des spectateurs oisifs, des organisateurs survoltés, de l’agitation humaine, sonore et importune de la foule lors d’un grand tournoi comme celui-là. Toujours était-il que Liz avait réussi à trouver probablement la seule aire tranquille du site, et que désormais, Nathalie était prise au piège.

Elle avait vaguement conscience d’un bosquet d’arbres et de buissons, d’une petite cabane en bois blanc, abritant vraisemblablement un générateur de secours dont de gros câbles sortaient pour se perdre dans un dédale de stands qui leur tournaient le dos, et un beau carré de gazon qui s’offrait à elles comme une oasis d’intimité au beau milieu de nulle part.

Liz s’arrêta au centre de cet éden improbable et se tourna vers Nathalie, la bouche fendue dans un sourire attentiste. Sans lâcher sa main, elle tendit la seconde pour amener la jeune femme à lui faire face dans un ralenti magnétique.

–          Et maintenant ? demanda Nathalie d’une voix blanche qu’elle ne reconnut pas.

–          Maintenant, tu me laisses faire.

D’un geste assuré, Liz fit remonter sa main sur la nuque de Nathalie pour venir à nouveau joindre sa bouche à la sienne. Leur baiser fut beaucoup plus long, et presque tendre cette fois. La conviction qui transparaissait dans chacun des mouvements de Liz s’accompagnait d’une profonde délicatesse, et aussi bien dans son baiser que dans les lascives caresses qu’elle prodiguait à la jeune femme, il émanait à la fois une autorité naturelle, un profond respect et une sensibilité saisissante.

Là, debout, à l’ombre des arbres encore verts d’un printemps tardif, Nathalie s’offrait, interdite, à l’ardente ferveur de Liz. Pourquoi cette femme l’avait-elle entraînée jusque-là ? Pourquoi la désirait-elle ? Et surtout comment avait-t-elle pu se laisser convaincre ? Tant de questions qui n’avaient plus vraiment d’importance. Seule comptait désormais l’envie, ce soudain appétit criant de lubricité, cette faim égoïste de son propre plaisir. Sans savoir comment ni pourquoi, elle était persuadée d’être, très prochainement,  pleinement satisfaite.

Les lèvres de Liz quittèrent sa bouche pour s’aventurer dans son cou. Sous la pression du désir, Nathalie chercha à reculons un appui fixe, jusqu’à ce que son dos heurte les parois de la petite cabane. Elle sentait ses jambes fléchir depuis que la main de Liz s’était glissée sous son débardeur. Ses seins la faisaient presque souffrir tant la tension sexuelle était à son comble et tant Liz sollicitait ses tétons entre ses doigts. Dans un mouvement presque théâtral, Liz ôta le haut de Nathalie pour libérer l’accès à ses seins. Celle-ci voulut protester mais son évident manque de conviction n’aurait pas été crédible. Elle se laissa complètement aller aux caresses des mains et de la langue de sa partenaire, l’encourageant par de petits gémissements instinctifs.

La bouche de Liz dessinait les courbes et les saillances de sa gorge, s’engouffrant dans les salières à la base de son cou, remontant jusque derrière ses oreilles, mordillant ses lobes, pendant que ses mains l’effleuraient asymétriquement. L’une s’appliquait à palper ses seins, courtisant ses tétons tendus, l’autre se promenait de son épaule à ses fesses, plaquant leurs corps dans une étreinte suffocante.

Nathalie n’essayait même plus de conserver un minimum de sang-froid, elle se laissait consumer par cet emportement sensuel, animal. Elle cherchait son souffle dans le parfum fruité des cheveux de Liz, respirant sa fraîcheur autant que l’ambre charnel, le miel suintant chaudement de chaque pore de sa peau, libérant un nuage de phéromones dont elle était dorénavant captive.

–          Je t’en prie… geignit Nathalie.

–          Attends. Pas encore.

–          Mais je… s’il te plaît, viens…

Répondant à la supplique de la joueuse, Liz vint coller sa main à son entrejambe. Nathalie suffoqua. Des salves presque douloureuses de désir l’assaillirent. La fulgurance de sa réaction enivra Liz qui, sans s’encombrer de convenances formelles tira d’un geste brusque mais efficace le shorty de Nathalie vers le sol, révélant son sexe déjà copieusement mouillé. Glissant sans autre forme de procès deux doigts entre ses lèvres humides, Liz arracha un cri à Nathalie.

–          Chut… tu vas nous faire repérer…

Mais la jeune femme était déjà bien loin de ces basses considérations. Elle n’était plus que sensation. Une sensation focalisée sur le contact des doigts de Liz, tant sur ses seins qu’autour de son clitoris.

Voyant que chaque caresse sur cette parcelle particulièrement susceptible de son anatomie avait pour effet des cris à peine étouffés, Liz ne s’y attarda pas plus longtemps et pénétra de ses deux doigts l’onctueux écrin de la tenniswoman. Elle sentit son corps se tendre au fur et à mesure de sa prudente avancée. Lorsque son poignet buta contre le sexe de Nathalie, celle-ci agrippa le bassin de Liz dans un mouvement brutal pour qu’elle vienne se presser sur elle, provocant une nouvelle impulsion de ses doigts dans son vagin. Liz remarqua avec délectation que Nathalie se mordait les lèvres pour essayer de rester muette. Cette moue, ajoutée à l’impétuosité inattendue dont faisait preuve la jeune femme, rendait Liz totalement folle.

Elle souleva la joueuse du sol, la tenant plaquée contre la cabane, son bassin coincé entre ses jambes écartées, ses deux doigts toujours en elle. Nathalie lui agrippa les épaules pour plus de stabilité, et Liz imprimait de furieux mouvements de hanches, enfonçant toujours plus profondément ses doigts dans son sexe affamé. En quelques secondes, tout s’obscurcit pour Nathalie. L’orgasme la saisit si rapidement, si violemment, que son corps, pris de convulsions, desserra son étreinte, les faisant basculer toutes deux sur l’herbe verte.

Liz amortit habilement le choc, roulant presque aussitôt sur le côté pour atterrir au dessus de sa partenaire encore tressaillante de plaisir. Elle vint recueillir un baiser sur les lèvres de Nathalie et surprise, s’exclama en se redressant :

–          Mais tu saignes ! Tu t’es blessée ? Je t’ai fait mal ?

–          Pas du tout, parvint à répondre la joueuse, j’ai juste… du mal… à ne pas crier. Tu… me donnes envie de…

Avide du magnifique sourire renaissant sur les lèvres de Liz, Nathalie tira sur ses bras pour refaire basculer son amante jusqu’à sa bouche. Leur baiser bruyant et vorace les entraîna dans une roulade éperdue. Sans qu’il n’y ait de vraie compétition, Liz s’imposa en ce début de deuxième set. Coinçant d’une main les bras de Nathalie au-dessus de sa tête, Liz entreprit d’écarter les jambes de la jeune femme avec ses propres pieds, occupant sa main libre avec les seins aux tétons toujours érigés de la joueuse. Une fois les jambes écartées, Liz vint coller son bassin contre celui de Nathalie, se frottant dangereusement contre son entrejambe. Ayant relevé sa jupe, le sexe humide et nu de Nathalie rentrait en contact direct avec la toile tout aussi humide du short de Liz. Malgré la prise solide de la main de Liz sur ses avant-bras, la joueuse aurait voulu venir faire pression sur ce bassin, accompagner de ses mains les mouvements de va-et-vient de ce corps qui ondulait sur elle.

Déjà, elle sentait son propre plaisir renaître, grandir, s’apprêter à exploser à nouveau. De tout son corps, elle venait chercher le contact presque abrasif de sa partenaire. Leur rythme était scandé par leurs souffles, courts, sonores, enfiévrés. Quand elle se retrouva aux portes de la jouissance, Liz vint provoquer son orgasme en la pénétrant promptement de tous les doigts de sa main, excepté son pouce, qui lui, vint exercer une douce pression sur son clitoris. Liz vit le visage de Nathalie s’ouvrir de surprise, pour brusquement se crisper dans une expression de plaisir intense. A nouveau, elle mordit ses lèvres pour ne pas hurler son orgasme naissant. Tout en s’appliquant aux mouvements rapides de sa main, Liz vint empêcher la morsure de son amante dans un baiser fougueux, au goût de sang.

Quand son corps fut une nouvelle fois ébranlé par les spasmes extatiques du plaisir, Nathalie ne put s’empêcher de crier dans la bouche de Liz. Cette dernière s’affaissa de tout son poids sur la joueuse et se laissa glisser jusqu’à venir reposer sur son flanc. D’une main attentionnée, elle vint chasser une brindille d’herbe que la sueur avait collé au front d’une Nathalie encore groggy par l’extase.

–          Tu sais que tu es superbe quand tu jouis ? Tu as presque la même expression que lorsque tu gagnes un match…

–          Ah ? Parce que tu connais mon expression quand je gagne un match ?

–          Je t’ai vue tout à l’heure. Tu es vraiment magnifique.

–          Euh… merci.

Nathalie plongea son regard dans celui de cette femme si surprenante, si étrange aussi. Pendant quelques secondes, elle y lut une indescriptible satisfaction, comme si elle était fière de l’avoir fait jouir. Mais aussitôt, un voile d’une tendresse déroutante se posa sur ses yeux clairs, laissant Nathalie confuse. Au loin, derrière les stands, elles entendaient la foule grouillante. Pourtant, tout semblait si calme tout à coup…

D’une caresse, Liz dessina le contour des lèvres de sa partenaire, effaçant les traces de sang. Le coude planté dans l’herbe, la joue négligemment posée sur sa main, elle entreprit de tracer tous les contours du visage de la tenniswoman qui ferma les yeux pour en apprécier la douceur.

Quand le doigt enjôleur de Liz quitta le menton de Nathalie pour se glisser le long de son cou jusqu’à son sein gauche, la joueuse sursauta et lança à son amante un regard contestataire.

–          N’y pense même pas !

–          Quoi, ne me dis pas qu’une athlète de ton niveau est déjà fatiguée ?!

–          Je te rappelle que l’athlète que je suis vient de disputer un match en trois sets dans un tournoi du Grand Chelem. J’ai le droit d’être un peu fatiguée, non ?

–          Tu en as le droit, oui, mais tu n’as pas celui de refuser que je te lèche.

–          Argh… s’étrangla la joueuse, consciente que tous les feux qu’elle croyait rassasiés dans son bas-ventre se relançaient de plus belle.

Accompagnant la parole du geste, Liz caressa d’un regard gourmand le renflement légèrement bombé du sexe de Nathalie qui s’exposait, abandonné, encore frémissant, juste en dessous de cette petite jupe relevée.

–          Tu es dangereusement sexy, là, comme ça…

–          N’importe quoi.

–          Oh que si ! Et je vais te le montrer… affirma Liz en remontant d’un geste souple sur le corps de sa partenaire.

Après avoir pris le temps d’un langoureux baiser, Liz glissa le long du corps brûlant de Nathalie, qui se cambra un peu plus au fur et à mesure de la descente. Quand les lèvres de Liz se posèrent sur son sexe, elle coinça à nouveau ses propres lèvres dans ses dents, étouffant ses gémissements.

Liz entreprit de lécher très doucement les alentours sulfureux du clitoris de la joueuse, avant de le prendre à pleine bouche et de l’aspirer avec délectation.

–          Oh ! Doucement, je t’en prie… tu vas me faire jouir en trente secondes !

–          Chut…

Les mains ramenant vers son visage le bassin de son amante, Liz reprit le jeu cruel de sa langue et de ses lèvres. Dégustant voluptueusement chaque millimètre de cette chair singulièrement érogène tout en malaxant les fesses fermes de la jeune femme, Liz se fit violence pour contenir son plaisir. Elle adopta le rythme lent et suave du vent dans les branches au-dessus d’elles. De temps en temps, elle ne pouvait s’empêcher de retenir, elle aussi, un gémissement euphorique. Les cuisses de Nathalie se refermaient progressivement, durant la montée de son plaisir, et bientôt, elle allait jouir à nouveau.

Liz releva soudain la tête, interrompant moqueusement l’excitation grandissante de sa partenaire.

–          Je savais que j’aimerais te lécher. Mais je ne savais pas si ça te plairait…

–          Rhhaaaaa ! Tais-toi et …

Nathalie marmonna quelque chose dans sa barbe et chercha à attraper la tête de Liz pour la ramener à sa besogne, mais celle-ci insista :

–          Et… quoi ?

–          Mange-moi, dit timidement la joueuse.

La bouche fendue dans un sourire béant, Liz s’exécuta, guidée par les mains impérieuses de la jeune femme. Dès que ses lèvres retrouvèrent celles plus intimes de Nathalie, Liz la pénétra de sa langue, tout en emprisonnant son clitoris dans sa bouche. La pression des mains de la joueuse sur sa tête donna la cadence à la langue inquisitrice de Liz, et bien vite, l’excitation fut à son comble. Le corps tendu à l’extrême, les cuisses prenant en étau la tête de son amante, Nathalie sentit son orgasme déferler en elle, en vagues fulgurantes de plaisir. Prise dans les contractions d’extase de sa partenaire, Liz se régalait elle aussi de cet orgasme, le prolongeant de petits coups de langue synchronisés avec les contorsions rythmées du corps de Nathalie.

Une fois la tornade de jouissance apaisée, Liz se hissa à nouveau à la hauteur de son amante.

–          C’était délicieux, merci.

–          Euh… merci à toi ! rétorqua Nathalie, encore essoufflée. Mais, dis-moi, s’il te plait, qui tu es ? Comment ? Pourquoi ? Je…

–          C’est si important pour toi ?

–          Non mais tu crois quoi ? Que j’ai l’habitude de me faire… que j’ai l’habitude qu’on me… fasse ça, comme ça ?

–          Ah ? Ce n’est pas le cas ? interrogea Liz, mutine.

Le regard sombre de Nathalie l’encouragea à étouffer son ironie.

–          Ecoute, que veux-tu que je te dise ? Tu es mon fantasme, c’est comme ça. On n’a qu’a dire qu’au moins brièvement, j’aurai été le tien. Ça te va ?

–          Ça veut dire quoi ? demanda la tenniswoman perplexe. Ça veut dire qu’on se retrouve un beau jour de Roland Garros pour une bonne partie de jambes en l’air en plein air, sans se connaître, sans chercher à en savoir plus, et sans se revoir, c’est ça ?

–          Ça peut être ça, oui. La suite dépendra surtout de toi. Tu es en plein tournoi, ça n’est sans doute pas le bon moment pour…

–          Ça, je crois que c’est à moi d’en décider.

Retrouvant quelque peu ses esprits, Nathalie se redressa, s’assit, rabattit sa jupe sur son sexe encore bourdonnant, et se retourna sur son amante toujours allongée dans l’herbe, les bras croisés derrière sa nuque. Liz la regardait presque effrontément. Elle continuait à caresser des yeux le corps athlétique de la joueuse, encore torse nu. Nathalie, aimantée par la beauté sauvage de la femme étendue à ses côtés, entreprit de défaire la boucle de la ceinture de Liz. Celle-ci la retint d’un geste vif.

–          Qu’est-ce que tu fais ?

–          Tu croyais vraiment que t’allais… me faire ce que tu m’as fait et repartir comme ça ? Tu rêves.

–          Non, tu n’es pas obligée…

Pour la première fois depuis leur rencontre, Nathalie lut une incertitude dans le regard de Liz, un soupçon de peur et de surprise. Cette femme pensait-elle vraiment qu’elle n’aurait pas envie de partager ? Faisait-elle partie de celles qui aiment donner mais n’acceptent pas de recevoir ?

Le désir de Nathalie pour Liz était pourtant bien là. Pressant. Urgent.

–          Liz, j’ai vraiment envie de te rendre la pareille… du moins si je suis à la hauteur… Laisse-moi voir si je suis de taille à t’affronter dans un tournoi du Grand Chelem ! Là, j’ai l’impression d’avoir perdu trois sets à zéro… Tu veux bien me permettre d’essayer d’égaliser ?

–          Mais…

De ses lèvres, la joueuse vint faire taire son amante, d’ores et déjà lascive et consentante.

On ne connait que trop bien la suite …

21 commentaires

  1. En tout cas avec ce post, il est clairement évident que je n’écrirais plus de post érotique, tu le fais tellement bien mieux (et c’est pas pour que vous disiez « han mais si vazy caro écris encore blablabla », NON c’est FINI ! 🙂 )

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  2. Mais non @caro, il faut que tu continues aussi !!! De toute manière sa s’améliore l’écriture et puis ce sera toujours au moins 1000 fois mieux que AP4 si tu vois ce que je veux dire…
    Puce, on connait la suite, mais je *veux* la lire aussi 😀 Je suis très exigeante, c’est comme ça 😀

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  3. @Red , j’espérais que personne ne fasse la réflexion… je sais, c’était une fin un peu facile… Mais si jamais je fais une suite, faudra que tu me dises à quel moment la poster pour que tu ne sois pas seule à la lecture ! 😉

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  4. moi, une fille qui me dit comme ça de but en blanc, l’air sérieux, la première fois : « Je vais te faire jouir. Plusieurs fois. » elle a plus de chance de me faire rire que de me faire jouir, je dois dire 🙂

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  5. Moi j’ai pas trop bien compris comment ça se terminait…
    Je dois dire que j’ai bien aimé ta nouvelle,peut-être la meilleure pour moi ;o) mais bon pourquoi dans la vraie vie ça n’arrive pas des trucs comme ça? ok je suis d’accord sur la manière d’aborder mais à la limite,sans dialogue…humm lol

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  6. c’est une super nouvelle, j’en redemande. cela ne m’est jamais arrivée ( je suis ni classée ni tenniswoman) mais je mesentais totalement dans la peau de cette nathalie, oups j’en suis toute retournée…

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  7. Bonjour puce de la poésie
    Te lire donne du sens au désir. C’est écrit avec les subtilités de la beauté et de la joie.
    Ta plume transforme ce désir qui bascule bien souvent dans la pornographie à la conscience d’être
    À travers toi, la femme est un mouvement sans cesse renouvelé. Et la sexualité, une découverte face à l’inconnue
    Merci

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