Roland Garros 2012 : suite érotique de la nouvelle nouvelle érotique…

Décidément, le temps n’en fait qu’à sa tête en ce mois de juin. Hier, de violents orages avaient interrompu le match, aujourd’hui un soleil de plomb risque de le rendre presque aussi délicat. Dans les allées de Roland Garros, Zoé s’avance vers le Court Central sans prêter attention à la foule qui l’entoure. En ce lundi caniculaire, elle a décidé de risquer les foudres de son patron et, prétextant un rhume de printemps, là voilà qui s’apprête à regagner sa place.

Elle flâne légèrement, tout en surveillant sa montre. Elle ne veut pas perdre une minute du match, mais elle ne veut pas non plus arriver trop tôt. Elle en profite pour laisser son esprit se remémorer l’après-midi de la veille. Elle a rencontré Léa. Une fille très étrange, plus ou moins du même âge qu’elle, assez bien faite de sa personne (suffisamment pour que Zoé s’y attarde), mais surtout, elle se rappelle son regard : des yeux d’un vert d’eaux profondes, dans lesquels il est si facile de se noyer. Des yeux qui, quand ils vous contemplent, scrutent votre âme et vous laissent une sensation de nudité impudique. Des yeux qui ne peuvent dissimuler les fêlures abyssales qui lézardent leur propriétaire.

Zoé n’est pas sûre de ce qu’il s’est passé, pas sûre de ce que ce baiser échangé à brûle pourpoint peut vouloir dire pour elle, et encore moins pour Léa.  Elle l’a vécu comme un instant d’une rare intensité, hors du temps, hors du domaine du qualifiable ou du quantifiable. Pendant quelques secondes, elle s’est senti perdre totalement pied. Pendant ce baiser, elle ne contrôlait plus rien.

D’habitude, elle aime tout contrôler, elle aime être celle qui initie, qui oriente, qui conclut, sans pour autant parler de domination. Mais avec Léa, elle a la nette impression que la situation lui a échappé, et bizarrement, elle en est ravie. Pourtant, maintenant qu’elle s’avance vers sa place, maintenant qu’elle va la retrouver, elle se rend compte qu’elle marche sur des œufs et qu’elle ne sait pas du tout à quoi s’attendre.

Une fraction de seconde, elle se demande si Léa sera là. Et si elle ne l’était pas ? Si elle avait eu tellement peur qu’elle avait fui définitivement le tournoi ? Hier, quand elle s’est enfuie, elle avait l’air sincèrement perturbée. Quelque chose se contracte brusquement dans le ventre de Zoé. Non, il faut qu’elle soit là. Et si elle est là ? Comment l’aborder ? Comment ne pas l’effrayer à nouveau ? Comment lui faire comprendre qu’elle aussi est perturbée par ce baiser et qu’elle ne peut pas se résigner à l’oublier comme elle a su en oublier des dizaines d’autres auparavant ?

Surtout, ne rien précipiter. Léa ne semble pas très loquace ni très à l’aise avec les gens, et si elle est hétéro, ce serait le meilleur moyen de la faire fuir. Zoé a déjà dragué, bien que maladroitement, une hétéro. Mais celle-ci n’avait pas été un si grand défi… Sa curiosité pour les « mœurs non-conformes » avait fait tout le boulot. Avec Léa, c’est différent. Et puis il y a ce regard. Zoé doit s’avouer qu’elle appréhende légèrement ce qu’elle y verra dans quelques minutes. Hier, pendant de trop brefs instants elle y a lu, mêlée à la peur, une forme de désir. Elle en est sûre. Mais dans ces yeux, le désir n’est pas banalement brûlant. Il est incandescent et glacial à la fois. Hypnotique. Elle donnerait cher pour l’y voir à nouveau, le laisser les entraîner loin, beaucoup plus loin. Loin du court, loin de ce site bien trop peuplé, là où d’autres échanges, un autre match se jouerait dans l’intimité des corps et des sens.

Si son esprit se perd dans ses réflexions, Zoé finit pourtant par arriver dans les gradins du court. Au fur et à mesure qu’elle s’approche de sa place, elle sent son cœur accélérer sa cadence et elle a beau se rassurer mentalement, elle est indéniablement nerveuse. Quand elle débouche dans l’allée, elle ralentit le pas et dès que son objectif est à portée de regard, elle s’arrête. Elle est là. Assise sur son siège en plastique, les jambes croisées et les mains qui triturent frénétiquement le billet d’entrée, Léa balaie le court de son regard charismatique. En la voyant, le rythme cardiaque de Zoé s’accélère à nouveau, après avoir raté quelques battements. Elle s’avance. Ce n’est que lorsqu’elle arrive juste à côté d’elle que Léa lève les yeux. Ces yeux…

Comme propulsée de son siège, Léa bondit sur ses pieds, manquant de décapiter le papi assis devant. Pour parer la frayeur qu’elle lit dans les yeux de la jeune femme, Zoé tente de la couver de son regard le plus doux.

– Tu… es là ? Mais je croyais que tu ne… Tu avais dis que… , balbutie Léa, rouge de confusion.

– Oui, je sais.

– Mais ton boulot ?

– Bah, c’est Roland Garros !

Plantée devant elle, incrédule, Léa ne semble pas satisfaite de la réponse. Elle attend quelque chose. Tout son corps est tendu, à l’affût du moindre geste de Zoé, comme si elle guettait une ouverture pour s’échapper… ou comme si elle allait lui sauter dessus pour… la frapper ? L’embrasser ?

– Excuse-moi, est-ce que je peux… passer ? demande timidement Zoé.

Sans un mot, Léa s’écarte. Comme elle s’engage entre la jeune femme et la rangée de devant pour regagner sa place, Zoé trébuche sur le sac de Léa et se rattrape à la taille de celle-ci. Le contact est brutal. Les corps se raidissent. Déjà Zoé se redresse et Léa l’aide d’une main ferme. La première bafouille une excuse pendant que la seconde peste contre son sac en le projetant d’un coup de pied sec sous son siège.

– Alors tu … n’es pas allée travailler ?

– Non, avec un peu de chance mon excuse passera… J’avais trop hâte de voir la fin du match.

Dans les yeux de Léa, une curieuse expression apparaît. Elle se concentre brusquement sur le court. Le ballet de l’arbitre, des juges et des ramasseurs de balles commence alors, et l’ambiance monte en attendant les joueurs. Comme le silence s’installe entre elles, Zoé décide de provoquer la discussion en observant sa voisine avec insistance.

Léa n’est pas très à l’aise. Elle sait que son trouble est visible et elle sent le regard de Zoé s’attarder sur elle depuis quelques minutes. Même si secrètement elle a espéré la retrouver là, aujourd’hui, elle ne sait que dire ni quoi faire. Toute la nuit, elle a revécu leur rencontre de la veille, en particulier cette singulière conclusion. Ses lèvres… Leur souvenir brûle toujours la chaste bouche de Léa. Il lui était déjà arrivé d’embrasser un garçon, une fois. Elle n’en garde qu’une vague impression d’humidité plutôt répugnante, dramatiquement maladroite. Aussi, elle se disait toujours qu’elle n’était sans doute pas faite pour cela, qu’elle ne pouvait pas exceller partout, et que décidément l’intimité, même buccale, n’était pas son domaine de prédilection !

Pourtant, hier, tout a été différent. Évident. Nécessaire. Quand leurs lèvres se sont trouvées, Léa s’est sentie instinctivement poussée dans les bras de Zoé. Chaque mouvement de leurs bras ou de leurs langues s’est imposé comme une certitude, un besoin.

Mais à cette minute, plus rien ne coule de source. La moindre inspiration est une torture dans l’attente de ce qui doit être dit, avoué, expliqué.

Croisant pour la dixième fois le regard de Zoé braqué sur elle, Léa s’impatiente :

– Quoi ?

– Non, rien…

En bas, les joueurs font leur entrée.

– … C’est juste que… en fait je suis venue pour te revoir, continue timidement Zoé.

Les joues de son interlocutrice s’empourprent aussitôt. Ne sachant que répondre, celle-ci laisse le silence s’installer entre elles. Quand le match reprend, chacune se concentre sur le jeu. La chaleur est étouffante et le soleil est au zénith. Déjà, les joueurs suent abondamment. A la fin du troisième set, Zoé propose à Léa de partager sa bouteille d’eau en souriant.

– Je suppose que tu n’avais pas non plus prévu la chaleur ?

– J’aurais dû.

Le sérieux légèrement crispé de Léa commence à peser lourdement sur la trop faible assurance de Zoé. Celle-ci n’y tient plus :

– Tu veux qu’on en parle ? demande-t-elle tout à trac.

– Quoi ?

– Du baiser, tu veux qu’on en parle ?

– Je ne saurais pas quoi en dire… ose Léa, avant de se reporter sur le match.

– Moi j’ai bien envie d’en parler, insiste Zoé.

Elle voit la gêne de son interlocutrice s’intensifier. Aussi, elle s’empresse de rajouter:

– Mais si tu préfères t’abstenir… Sache juste que si tu veux en parler… Et si toi aussi ça t’a fait quelque chose…

Mais la timide jeune femme s’enferme dans son mutisme. Les yeux plongés sur le court, elle a pourtant l’air de regarder ailleurs. Inévitablement, elle laisse dériver ses pensées : dans sa mémoire, l’odeur obsédante de Zoé, le goût et le moelleux de ses lèvres, la sensation enivrante de ses mains sur son corps. Elle n’a pas pu empêcher son esprit d’aller plus loin encore… même si elle ne sait pas exactement ce que ce « plus loin » doit impliquer. Elle  a éprouvé le besoin étrange du désir de l’autre, la saveur amère du « trop peu », le piquant de l’éventualité.

Malgré elle, son regard caresse les courbes des bras nus de sa voisine, de ses épaules jusqu’au bout de ses ongles. Elle observe le relief délicat de ses veines, gonflées par la chaleur, qui remontent de ses mains sur ses avant-bras. Une légère pellicule de sueur vient faire briller cette peau déjà bien dorée en cette fin de printemps. Elle n’ose pas lever les yeux sur son visage, de peur d’y lire les mêmes tourments.

Zoé, de son côté, ne se lasse pas de l’examiner. Plus elle scrute, plus elle aime ce qu’elle trouve. Un grain de beauté par ci, une fossette par là, et la cartographie du corps de Léa devient vite un chef d’œuvre à la fois, poétique, plastique et allégorique. Zoé sait que l’attirance qui la consume dépasse le simple flash. Il y a quelque chose, elle le sent. Elle a nettement conscience de cette tension qui règne et qui devient plus irrespirable encore que l’atmosphère suffocante du court. Elle a besoin de la toucher.

Fortuitement, en rangeant sa bouteille dans son sac, son genou vient se poser contre celui de Léa. Celle-ci ne bouge pas, pas du tout. Par ce simple contact, qu’elle veut maintenir à tout prix, Zoé se sent aspirée. Ces quelques centimètres carrés de peaux partagées creusent son désir et devant l’immobilité de sa voisine, au bout de quelques minutes, elle ose une inclinaison corporelle jusqu’à ce que leurs bras se rencontrent. Très légèrement, à peine une caresse. Presque une illusion. Elle suspend son geste pour que leurs bras ne s’effleurent qu’au soulèvement de leurs corps au rythme de leurs respirations.

Zoé guette une un rejet brutal, une mise à distance claire et nette… qui ne vient pas. Osant à peine s’oxygéner, Léa reste figée à ses côtés, pendant d’insoutenables minutes. Le court leur semble si lointain ! Elles entendent vaguement les balles ricocher d’une raquette à l’autre et l’arbitre annoncer les scores, le tout s’estompant comme derrière un double vitrage insonorisant.

Puis, comme par magie, le bras de Léa parcourt le semblant de distance qui le sépare de celui de Zoé et celle-ci, surprise, cherche le regard de sa voisine. Les magnifiques yeux verts semblent observer avec insistance le plastique du fauteuil de devant, mais timidement, ils se relèvent sur le visage interrogateur de Zoé. Pendant une fraction de seconde, cette dernière se fait l’impression d’être le Petit Prince de St Exupéry qui vient d’apprivoiser son renard. Leurs bras fondus dans les moiteurs de juin, elles se regardent, muettes. Zoé voit l’attention de Léa se porter sur ses lèvres, et elle ne peut s’empêcher de faire de même.

Le désir prend forme entre elles. Il est désormais palpable, omniprésent, ravageur. Sans rompre le charme, Léa murmure un « oui » mystérieux. Devant l’incompréhension de Zoé, elle rajoute : « Oui, bien sûr que ça m’a fait quelque chose… »

Son visage est si sérieux, si grave que Zoé s’attend à tout instant à voir naître des larmes au coin de ses yeux. Mais au lieu de cela, la jeune femme vient poser la main sur la sienne. Elle vient caresser du bout des doigts le chemin de ses veines exubérantes, chatouiller l’épiderme ultrasensible entre ses propres doigts, épouser enfin toute sa main, paume contre dos, doigts entrelacés. Zoé, transportée par la sensation, est fascinée par le regard de Léa. Ce qu’elle y lit lui fait plus d’effet encore que le contact lascif de leurs mains : curiosité, envie… découverte, envie… surprise, envie… peur, envie… désir… désir…

L’exaltation de leurs peaux, dématérialisée mais tout aussi poignante dans leurs regards, se mue en impulsion et sans qu’un seul mot ne soit prononcé, chacune d’elles attrape son sac de sa main valide et elles se lèvent d’un même élan. Sans rompre leur étreinte manuelle, elles se dirigent d’un pas lent mais décidé dans les entrailles des gradins du court.

L’ombre qui y règne leur procure une première forme de soulagement ridiculement insuffisant. Zoé entraîne sa partenaire vers la sortie mais, brusquement, elle s’arrête. Elle sait que devant elles, les portes de sortie vont les propulser au beau milieu d’une aberration de gens, de stands, de bruits en tous genres qu’elle ne se sent pas la force de traverser. Elle interroge Léa du regard. Celle-ci après quelques millièmes de secondes pour jauger la situation lui désigne du menton une allée encore plus sombre avec une petite porte au fond. Les deux jeunes femmes s’y dirigent et ouvrent la porte marquée d’un « personnel uniquement ».

Elles pénètrent à la hâte dans une petite pièce obscure et referment précipitamment la porte derrière elles. Autour la pénombre n’est transpercée que de deux rais de lumières, venus d’on ne sait où.  Elle est pourtant suffisante pour percevoir un entassement de chaises et de bancs sur tout le côté droit de la pièce. A gauche un entassement de modules que Zoé reconnaît comme étant le précédent podium de Roland Garros, celui foulé par les grands vainqueurs de l’an dernier.

Un instant intimidées, toutes deux observent autour d’elles, serrant un peu plus fort leurs mains jointes. Puis, soudain consciente de la situation, Zoé se tourne vers la porte et la verrouille avant de reporter toute son attention sur Léa. Celle-ci la regarde de ses immenses yeux verts et s’approche, réduisant dangereusement l’espace trop lourd entre leurs deux corps. Zoé ne peut résister. Avec toute la tendresse du monde, elle vient recueillir les lèvres de sa compagne dans un chaste baiser, accompagnant son geste d’une main délicate qu’elle vient poser sur sa joue brûlante. Le bouillonnement du désir qui les consume se canalise le temps d’un baiser étrangement doux. Mais quand leurs langues se mêlent enfin, leurs corps entiers s’embrasent dans la folie des sens.

Là, au beau milieu d’une salle de stockage surchauffée du court central où se déroule le quart de finale de leurs rêves, elles entament un match dont leurs vies semblent subitement dépendre. La faim et la soif de l’autre ne s’étanchent pas dans ce baiser. Au contraire, elles s’attisent, elles se provoquent, se creusent, se bombent et explosent à chaque souffle, contact, seconde. La frénésie de leurs corps les attire contre un mur agréablement frais. Zoé y plaque précieusement sa partenaire et vient se coller tout contre elle. De ses mains, elle dessine ses appétissants contours en instant sur ses fesses et ses hanches. Et quand un léger gémissement s’échappe des lèvres de Léa à travers leur baiser, elle plaque un peu plus fort son bassin contre le sien et vient poser ses mains sur sa poitrine.

Léa s’abandonne aux caresses de son amante. Elle laisse les questions pour plus tard. Pour l’instant, elle veut savoir, elle veut vivre, elle veut toucher. Elle sent, à son plus grand étonnement, grandir et circuler en elle une énergie qu’elle ne se connaît pas. Une chaleur douloureuse envahit son bas-ventre et le contact du bassin de Zoé contre le sien provoque une réaction physiologique dont elle a déjà entendu parler, bien sûr, mais dont elle n’a jamais fait l’expérience. Quand Zoé vient glisser une cuisse entre ses jambes, le frottement libère un nouveau flux d’une énergie si violente que tout son corps en est secoué, et elle sent entre ses jambes cette humidité envahissante. Cette fois, elle crie presque.

Zoé esquisse un mouvement de recul, interrompant leur baiser, mais Léa la retient.

– Je… on n’est pas obligé… peut-être que tu… enfin…

Zoé bafouille. Léa la dévisage de son regard le plus pénétrant et bouleversé. Elle s’éclaircit la voix avant de reprendre :

– Je comprendrais que tu veuilles arrêter là, mais si c’est le cas, il faut que tu me le dises tout de suite, parce que quand tu me regardes comme ça… je…

– Touche-moi, la coupe Léa dont le regard est à nouveau brouillé de désir.

Déjà, leurs bouches se ressoudent et leurs mains s’explorent de plus belle. D’un geste assuré, Zoé vient presser sa main sur le sexe bombé de sa compagne. Même à travers la toile, le degré d’hygrométrie est sans appel et un nouveau gémissement s’échappe de la gorge de Léa. Encouragée par ses réactions, Zoé ôte rapidement son débardeur et son soutien-gorge, dévoilant une poitrine ferme et fière. Et dans la foulée, elle soulève habilement le T-shirt de sa partenaire et le laisse choir sur le sien. Léa semble tellement captivée par les seins de Zoé que c’est à peine si elle remarque sa propre nudité. Quand des mains entreprenantes s’aventurent dans son dos pour la libérer à son tour de son carcan à baleines, elle ne sent que la pression des pommes veloutées de Zoé sur sa propre poitrine. Celle-ci découvre les seins lourds et blancs de son amie et les recouvre promptement de ses mains.

Léa se surprend à vouloir toucher elle aussi. Elle avance lentement un doigt inquisiteur et vient titiller le téton tendu de Zoé. De l’extrémité de son doigt, elle fait le tour de l’aréole, toujours très lentement. Zoé l’observe, émue. Quand sa main se referme enfin pleinement autour du sein de son amante, Léa semble bouleversée. Plus fragile et plus forte à la fois, comme si de cette expérience, elle devenait autre. Elle sourit à la jeune femme devant elle et l’embrasse sauvagement. Peut-être était-ce cela « vivre », finalement. A moins que ce ne soit « aimer » ?  Alors elle y a droit, elle aussi ? Elle aussi en est capable ?

Mais elle n’a pas le temps de se remettre de ses émotions que déjà de nouvelles impressions viennent transcender les dernières. tétons contre tétons, ventre contre ventre, sexe contre sexe, chaque mouvement procure de délicieuses sensations qui s’amplifient dangereusement. Quand elle croit qu’elle va exploser, qu’elle ne pourra pas en supporter plus, Léa s’étonne d’en demander encore.

Intriguée, elle sent les doigts experts de Zoé s’affairer sur les boutons de son short. Maladroitement, elle l’aide tant bien que mal à se défaire du morceau de tissu et gémit à nouveau quand son amante vient glisser, sans ambages, sa main dans le coton détrempé de sa culotte. Le contact direct de sa peau, si sensible en ce lieu, avec celle des doigts de Zoé lui arrache un petit cri. Inconsciemment, elle lui attrape le bras, non pour la repousser, bien au contraire, mais pour maintenir ce contact qui tout à coup lui semble vital. Elle va en mourir, c’est certain. Et chaque micro-geste de Zoé le lui confirme. Chaque ébranlement de ses doigts contre son sexe mouillé la projette aux limites du vraisemblable.

Quand Zoé la pénètre sans profondeur, juste en surface, et qu’elle remue sa main tout contre son sexe gonflé de désir, Zoé se sent partir. Franchir les frontières du tangible. Traverser l’horizon du raisonnable. Les mouvements circulaires et presque lents de cette main l’entraîne dans la fulgurance de l’instant, de façon croissante et disproportionnée, vers des abîmes de plaisir dans lesquels elle s’abandonne.

Quand elle reprend ses esprits, le souffle jusque-là saccadé de Zoé s’est assagi. Sa main est restée là, contre elle, sur elle, en elle, immobile et prometteuse. Alors c’est cela que l’on appelle un « orgasme » ? Alors c’est pour cela que le sexe est…

Léa n’a pas le temps de laisser aboutir ses pensées : Zoé a bougé un doigt. Une nouvelle fois et de façon immédiate, son corps a réagit. La voilà à nouveau à l’affût du plaisir, ce plaisir débilitant mais si essentiel subitement. Zoé n’a pas l’air de vouloir en rester là. Déjà ses doigts entament un nouveau ballet. De sa main libre, elle fait glisser la culotte le long des cuisses de sa partenaire. Cette fois, elle veut la regarder quand elle la touche. Comme elle laisse ses doigts jouer avec le clitoris érigé de la jeune femme, elle admire chaque infime réaction de son corps. Elle n’est pas aussi musclée qu’elle-même, mais sa peau délicate exhale le parfum le plus excitant qui soit. Tout en elle transpire la sensualité, pourtant, elle ne semble pas s’en rendre compte. Zoé ne se lasse pas de la caresser et de l’embrasser, tout en stimulant chaque millimètre de sensibilité entre ses jambes. Le plaisir la transforme, la rend plus belle encore, et plus désirable !

N’y tenant plus, Zoé agrippe la fesse rebondie de sa partenaire et la soulève légèrement pour entrer en elle plus profondément. Léa étouffe un cri en serrant son amante. Deux doigts s’agitent maintenant en elle, au rythme de leurs hanches. Contrairement à ce qu’elle craignait, Léa ne ressent aucune douleur. La chaleur entre ses cuisses atteint encore une fois des sommets indécents et quand Zoé elle-même se met à gémir, Léa implose à nouveau sous les salves de leur désir.

Sans savoir qui soutient l’autre, elles se retiennent mutuellement pour ne pas s’effondrer. Comme le souffle leur manque pour parler, elles se regardent. La pénombre ne masque ni le plaisir ni le désir sur leurs visages. Et encore une fois, ce que Zoé lit dans les yeux de sa partenaire la trouble. De la reconnaissance ? Pourtant, Zoé elle aussi se sent redevable. Si elle a bien connu d’autres filles et d’autres moments inoubliables, jamais elle n’a vécu de bouleversement émotionnel aussi radical. Jamais elle n’a connu pareille évidence. Et jamais elle ne s’est sentie aussi puissante et fébrile à la fois. Léa a-t-elle connu d’autres femmes ? La surprise qu’elle a lu dans ses yeux pendant leurs ébats tendrait à prouver que non. Avait-elle déjà fait l’amour ? Zoé en doute. Elle réalise à présent la solennité du moment.

Léa a fermé les yeux. Zoé, incertaine, la prend dans ses bras comme pour la réconforter et lui dit :

– Ça va ? Je ne t’ai pas … fait mal ?

A quelques centimètres à peine de son visage, Léa rouvre les yeux et cette fois, Zoé saisit un éclat qu’elle n’arrive pas à identifier clairement. Un reste de désir, c’est évident, mais aussi une forme de… détermination ?

– Non, finit par articuler la jeune femme. C’est juste que… je ne savais pas que cela pouvait être… aussi bon !

Le sourire qui se dessine alors sur son visage finit de rassurer Zoé qui lui rétorque, mutine :

– Si tu as trouvé ça « bon », attend de goûter à la suite…

Elle entraîne sa partenaire vers les modules du podium et l’encourage délicatement à s’asseoir sur l’un d’entre eux. Le désir qui irradie à nouveau d’elles emplit totalement l’obscure pièce. Les yeux à la hauteur de la poitrine de sa partenaire, les lèvres de Léa s’emparent de son téton, arrachant un gémissement à la jeune femme. Celle-ci la laisse jouer quelques minutes avec ses seins, puis  se met à genoux devant son amante. Elle l’embrasse langoureusement puis fait courir sa langue dans son cou, sur sa poitrine et sur son ventre jusqu’à…

Avant d’engager sa langue dans le triangle intime de Léa, Zoé lui lance un dernier regard, plein de promesses. Quand elle goûte enfin à la chair délicate et humide qui s’offre à elle, elle sent avec une joie non dissimulée le corps de Léa se tendre dans un cri débridé. Du bout de sa langue, elle vient caresser le clitoris enflé de la jeune femme, l’excite consciencieusement et finit par l’engloutir tout entier. Elle se délecte du plaisir de son amante autant que de sa vulve. Elle lèche, elle suce, elle caresse de sa langue jusqu’à ce que les mains de Léa viennent lui imprimer une pression supplémentaires et que ses jambes se referment dans les sursauts incontrôlés d’un orgasme dévastateur.

Zoé a bien du mal à se détacher de sa friandise, mais elle veut voir, savoir, être sûre de ce qui vient de se passer. Léa l’accueille fébrile, le visage si sérieux, les yeux encore mi-clos… Zoé guette le moindre geste, le moindre mot, attendant sagement que sa compagne reprenne ses esprits. D’une main légère, elle vient caresser la vallée de ses seins, et quand Léa ouvre enfin les yeux, son visage tout entier se fend dans un sourire sans équivoque.

Le mot « satisfaction » vient de trouver une toute nouvelle pertinence. Léa le sait, désormais. C’est ainsi. Mais très vite un nouveau besoin se fait sentir. Elle veut la toucher à son tour, la goûter à son tour, et, si possible, essayer de la faire jouir à son tour !

Zoé observe le regard de sa compagne qui s’obscurcit. Elle redoute un instant une fuite ou un déni. Mais quand la main de Léa vient…

Et voilà, certains le savent déjà, je suis sadique. J’arrête là pour aujourd’hui et vous laisse imaginer la suite ! 

7 commentaires

  1. Oh mon dieu, qu’est ce que j’aurai aimé / j’aimerai vivre ça!
    J’ai des bouffées de chaleur, c’est impressionnant ^^
    Bon, bah j’ai plus qu’à essayer de dormir maintenant, il est un peu tard pour la douche froide 😀

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