VISIBILITE : Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de mon corps ?!

En cette période de calme après la tempête parlementaire, je cherchais une idée pertinente d’article… sans trouver mon bonheur. Jusqu’à hier soir. Hier soir, je suis allée voir Django avec mon meilleur pote. Et même si le film n’est pas l’objet de cet article, Django, ça déchire ! Fans de Tarantino, ne surtout pas s’abstenir !

Bref, D. et moi, avions décidé de passer la soirée ensemble. Muté depuis le début de l’année à l’autre bout de la France, nous ne nous voyons que pour les vacances, aussi, dès qu’il rentre au bercail, nous sautons sur la moindre occasion pour nous retrouver. Normal.

D. est plutôt mignon pour un mec, malgré ses poils et ses oreilles légèrement décollées. Je l’ai connu avant d’être lesbienne – du moins avant de me rendre compte que j’étais lesbienne – et déjà à l’époque, je trouvais qu’il ferait un parti intéressant pour… ma soeur (non parce que quand même… tous ces poils… même à l’époque… beurk) !

D. est hétéro, ou homo qui s’ignore (ça fait des années que je le taquine avec ça, mais Môssieur fait de la résistance anale). Toujours est-il que, quand nous sommes ensemble, nous sommes très affectueux l’un envers l’autre. Bon, plus moi que lui, j’avoue, mais c’est ma bête à poipoil et je suis son minimachin.

Enfin. Nous sommes donc sortis, hier soir et mon cavalier m’a emmenée au restaurant. Après avoir cherché… d’un air très digne… comment ouvrir la porte du resto (attraper la poignée, tourner la poignée, tirer la porte…), mon galant compagnon s’est effacé pour me laisser entrer la première. A notre arrivée, les têtes se sont tournées vers nous et nous avons eu droit aux sourires chaleureux des personnes déjà attablées.

Quand le serveur s’est présenté, il a tout bien fait dans les règles, offrant à Monsieur la carte des vins et s’enquérant auprès de lui des choix que nous avions, ou non, effectués. Pendant toute la soirée, nous avons eu l’air du parfait petit couple hétéro aux yeux de notre bienveillant serveur et du reste de la salle.

Etrangement, ça me mettait terriblement mal à l’aise. Non pas que je sois mal à l’aise avec D.  mais l’idée que les gens puissent se méprendre m’a profondément énervée. Cependant, à ce stade de la soirée, je n’avais pas encore suffisemment ruminé mes réflexions.

Arrivés au cinéma, j’ai reconnu à la billetterie un ancien camarade de lycée. Un gars que je n’ai pas vu depuis une bonne douzaine d’années donc. Et je ne sais pas s’il m’a reconnue mais… C’est là que j’ai mesuré l’ampleur de ma gêne. Ça m’énervait que ce gars puisse penser que D. et moi étions ensemble, ça m’énervait qu’il me croie hétéro. Stupide, hein ?

Moi qui pensais que la question de la visibilité m’importait peu…

Et je le maintiens, c’est une question qui m’importe peu au final. J’entends par là : peu m’importe qu’on m’identifie comme lesbienne. Le placard, c’était bon tant que je n’avais pas franchi l’étape ultime, celle de l’acte, et par l’acte, l’acceptation (qui pour moi ont été deux actions simultanées). C’est un fait, je suis lesbienne, ça ne me dérange pas qu’on me reconnaisse en tant que telle. Mais ce qui m’a surprise, c’est cette réaction quasi viscérale : être vue comme une hétéro en couple, ça m’agace.

Cette petite minute introspective ne mène peut-être pas à grand chose, mais elle me permet d’affirmer un truc : Django, c’est de la dynamite !

13 commentaires

  1. Bonjour Madame de la fin de l’article, ça donne vraiment envie de le voir 😀
    Sinon ouais je comprends que ça énerve. Ca énerve de vivre dans une société autant hétéronormée.

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  2. @Caro , nan, je suis blindée… sauf peut-être la scène du gâteau blanc… parce que la crème, c’est maaaaal.
    @Red , en temps normal, je t’aurais reprise et j’aurais élargi au fait que ça m’énerve de vivre dans une société autant « normée »… Je ne peux pas en vouloir aux gens de m’avoir fatalement associée à une hétéro… Vues les circonstances, c’était prévisible. Mais c’est vrai que quand deux mecs ou deux filles mangent au resto, ça n’en fait pas des homos pour autant…

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  3. Mais bon sang pincez-moi que je me réveille de cette pluie de conneries qui affluent suite aux propos niaiseux d’une actrice juste un peu co-conne nommée Léa Seydoux !!! Désolée de squatter ton blog pour m’exprimer mais comme tu as parlé de visibilité et de la perception qu’ont les autres de nous selon que l’on soit comme ci ou comme ça. Jsuis en mode vener comme c’est pas permis contre ces pseudos journalistes qui font une analyse textuelle d’une interview à laquelle ils n’ont pas assisté et traitent d’un film qu’elle n’a pas vu mais ça elle ne va pas s’en vanter, juste l’évoquer en com de son propre torchon… Merci ARIANE NICOLAS de dévoyer à ce point le qualificatif de journaliste. Allez lire la somme de conneries débitées dans son article sur francetv info dans lequel elle tente de répliquer à celui de Julien Massillon sur Yagg.
    Mais où t’as vu Mémère que Léa Seydoux jouait une fille MASCULINE dans la vie d’Adèle, où t’as vu qu’elle a dans ce film les cheveux coupés RAS. T’as pas confondu avec Demi Moore dans GI Jane ??????? Et enfin et celle-là fallait la sortir, la « fusée » nous apprend qu’il n’est pas selon elle anodin « d’adopter une sexualité qui n’est pas la sienne ».
    Merde alors moi qui croyais que les acteurs JOUAIENT. Ça veut donc dire que Woody Harrelson est un tueur en série et Hopkins un cannibale.
    Voilà je vais arrêter parce que le mieux c’est de vous faire votre propre avis sur cette pauvre grue qui a une jolie carte de presse et en fait grand usage… Rien que de le dire j’en ai la nausée. Et après lecture de ton billet, c’est amusant parce que chacun a son chemin propre. Pour moi, même accompagnée d’une chaise on me colle tout de suite une étiquette. Or, même quand on est jeune et con et qu’on fait mine de se foutre de tout, on voudrait juste parfois se fondre dans la masse et ne pas être étiquetée, tout simplement. Encore pardon pour le coup de gueule plus haut, je ne le ferai plus et pour toi ARIANE N., puisque le titre de l’article sur Yagg t’a tant inconfortée, je t’en dédie un à la gloire de ta suffisance (la meuf cite Lacan quand même!!!) : « Dans la basse-cour de France télévision ne cherchez plus, on a trouvé la dinde »

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  4. Ravie que tu choisisses ce blog pour tes coups de gueule @nala0805 ! Je me suis (pour l’instant) retenue d’aller creuser le débat Seydoux : je rêve d’heures paisibles, pas de houle de crétinerie alors j’essaie de faire abstraction, et ce que tu viens d’en dire ne me donne pas envie de changer d’avis ! (même si j’ai bien ri à l’évocation de la « dinde »)

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  5. Là où, de manière érotico-réaliste tu coiffes toutes les problématiques Seydoux aux dindes, @Pucedepoesir, c’est dans ces mots si tendres et simples: « C’est un fait, je suis lesbienne, ça ne me dérange pas qu’on me reconnaisse en tant que telle. Mais ce qui m’a surprise, c’est cette réaction quasi viscérale : être vue comme une hétéro en couple, ça m’agace ».
    Il y a des scènes insoutenables. Surtout, surtout ,continue d’écrire comme tu le fais avec brio, une belle plume et ta vie intérieure. Et je voudrais tellement te voir ici en haut de l’affiche.
    C’est si doux.

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  6. Tu peux toujours dire que tu préfères coincer la BULLE, la tienne fait que tu es de fait en tête d’affiche dans un titre de blog, dans l’intitulé du blog. Allons, allons, je comprends certes que tu ne veuilles pas devenir la « crooneress » de ces dames, mais voilà!

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