A la belle personne
Sa chambre, son refuge, mon asile cette nuit.
L’ambiance est feutrée, délicieusement alanguie, rythmée par le souffle léger de sa respiration sommeillante. Tout à l’heure, elle s’endormait sur mon épaule. Grisante sensation de bien-être. Comme dans ces moments où on a la certitude d’être au bon endroit, au bon moment. Depuis, elle a creusé sa place dans l’oreiller, maintenant plus ou moins consciemment un maximum de contact entre son corps et le mien.
Je retiens ma main de venir se perdre distraitement dans les boucles de ses cheveux. Son sommeil est bien trop précieux, et ce soir, j’en suis la gardienne. Je sais reconnaître le privilège qui m’est ainsi accordé.
Il est bientôt quatre heures. En bas dans la rue, la vie s’est mise entre parenthèses. Quelques soubresauts ponctuels d’activités me rappellent que non, je ne dors pas. Non, je ne rêve pas non plus. Les yeux grands ouverts, je jouis de mon insomnie aussi avidement qu’on se précipite à la rivière après une traversée du désert. Mes yeux ne se rassasient pas du spectacle de son épaule, abandonnée là, juste à portée de regard. Je suis partagée entre l’envie quasi maternelle de remonter la couette dessus pour la border tendrement, et celle de venir embrasser, croquer cette chair tentatrice.
Mais non. Je convoque de toute ma volonté les forces surpuissantes de l’Immobilisme, juste pour pouvoir continuer à la regarder encore un peu. Pouvoir la sentir, là, contre moi.
Consciente de l’éphémère de la nuit, je lance une prière au Temps. Qu’il ne hâte pas sa course. Qu’il me laisse profiter encore, encore un peu. Il me répond que ma mémoire ne faillira pas. Je sais qu’il a raison. Je ne peux qu’accepter. Accepter en guettant la fin de cette nuit magique.
Il y a quelques heures, nous ne nous savions pas, nous nous devinions à peine. Il y a quelques heures, nous nous rencontrions. En quelques heures nous nous sommes sues, nous nous sommes voulues, nous nous sommes tues. L’intensité aura exacerbé chaque instant comme elle sublime cette minute présente.
Je veux pouvoir, lovée au creux de cette nuit immortelle, graver chaque image, chaque son, chaque sensation vécue auprès d’elle. De son sourire à ses doutes, en m’éternisant sur la tendresse bouleversante, vibrante, nécessaire que nous avons échangé, en dérivant sur ces vagues de sensualité qui nous ont submergées, en avouant l’émotion pure et belle, celle qui transporte autant qu’elle atteint.
Trouver à ces heures leur place quelque part entre quiétude et fascination du beau à l’autel de mes souvenirs.
Et s’envoler.
Superbe !
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Merci @happydog !
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🙂 🙂
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😀 😀 😀 😀 😀 attendre, espérer, lire et relire 😀 😀 😀 😀
Ma patience récompensée ; très beau billet.
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@Gwen : 😉
@nenet : 😀 (merci de ménager ma modestie…)
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J’aime ! Comme toujours 😉
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c’est magnifique!
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Merci @murphy !
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Pourquoi tu ne publies pas ?
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@nala0805 : parce que personne n’est assez fou pour être venu me chercher !
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Bonjour @pucedepoesir ! Je suis nouvelle venue sur Yagg et j’ai découvert par hasard le blog (apparemment tou nouveau !) D.I.A.L et j’ai été captivée par ce dialogue, les réponses de @ruth. Du même coup, j’ai trouvé ce blog et je suis en train de lire quelques uns de tes articles. Je crois que j’aurais pu plus mal tomber ! Alors, merci !
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@ailanthis : Merci ! Mais… ne tombe pas plus bas, hein ?! 😀
Bonne découverte de Yagg alors, et bienvenue !
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Merci @pucedepoesir ! J’ai passé un (loooong) moment à lire ton blog et même si je n’ai pas encore tout lu, j’ai beaucoup aimé jusqu’à maintenant. Certes, pas tout, je ne vais pas trop te cirer les pompes non plus ! 😉 Mais tu as du talent et j’avoue être très agréablement surprise par Yagg et la qualité qu’on y trouve. Un régal.
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C’est très beau. Vraiment.
Une écriture vivante, sensible, qui étreint…
Pitié pour les romantiiiiiques !
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Je prospecte tel une chercheuse d’or, et Eurêka, une pépite magnifique. Merci.
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Tu prospectes bien loin, là !!! Ça ne me rajeunit pas, tout ça… 😉
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Qu’est-ce six ans?
Moi dans ma tête j’ai toujours vingt cinq ans,je prends conscience que j’ai vieilli.Bon le matin je me lève et il faut être lucide je vois le temps qui passe, rides et sillons se sont creusés. En 81 j’avais vingt ans et quelle fiesta 😀,le mois prochain la retraite (je sais quelle chance)et j’espère qu’il me restera encore au moins ,au plus 25 ans de passion. Ne regrette pas ces années ,ou alors retourne toi qu’avec tendresse sur ce temps qui passe.
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Je ne regrette rien, ni ne me sens particulièrement nostalgique. J’aime que le présent soit la somme de passés et de possibles.
Le mois prochain, la retraite ? J’aurais dû l’appeler Pascale, ma Nadine ! 😉
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Pour une femme de Lettre tu es aussi Mathématicienne 😏 Et pour ta Nadine j’ai bien ris peut-être dans une autre nouvelle 🤣🤣🤣
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Rien de plus perméable que les sciences et les arts ! Et j’ai un parcours scientifique, à la base – j’étais une littéraire contrariée ! 😉
Pour une autre nouvelle, je vais réfléchir… 😜
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Merci pour cette nouvelle ! Tu sais quoi, finalement tu m’as donné envie d’en faire autant et j’ai écrit un texte à ma copine. Faisons vivre la chaîne de la littérature ^^
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