Autour, loin…

 

La soirée est douce. Juste assez pour oublier un instant les lourdeurs de l’été. L’air ne caresse pas, il berce. Je ne m’assois pas pour trouver le repos, seulement pour écouter, sentir, me rappeler. Autour les cigales ne dissimulent pas le crépuscule. Autour, le jasmin mêle ses effluves à la chaleur des dalles de la terrasse. Autour, les ombres familières s’offrent en ballet de mystères.

Quand le grain du ciel devient suffisamment dense, je lève la tête pour guetter la première étoile. Déjà, son éclat solitaire vient faire écho à ma retraite. Paisible, j’isole mon silence au cœur des pierres, qui, seules, sauront en prendre soin. Par-delà leur mutisme, les mots se bousculent sous ma peau. Ma mémoire, trop vive, les dessine sans couleur sur l’ardoise naïve de mes pensées :

Avancer dans la sérénité de la rencontre, dans l’attente ce cette autre qui comble déjà, ce destin prémédité.

Avancer jusqu’à mesurer l’horizon de ton regard et m’y pencher pour atteindre la reconnaissance.

De toi, je contemple les sillons de l’univers, creusés à l’orée des possibles.

Tout est là.

Je peux me défaire alors de ce rôle d’interprète pour être à mon tour matière, contenu et contenant.

Mon œil suggère à ton œil ce que nos bouches taisent, ce que nos oreilles ne sont pas prêtes à entendre, ce que nos peaux anticipent, incandescentes…

Des mots et des maux qui s’essoufflent enfin, emportés par l’inévitable exactitude de la lune. Elle est là, entière et bienveillante. Tu es loin, loin, loin…

Aux silences incontinents

A la parole épidermique

8 commentaires

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s