APPRENDS-MOI… (chap. 10)

@Dwarfy mérite bien un peu de repos mais reprendra la plume très prochainement, ici et/ou sur son blog, alors en attendant, je vous livre la suite de cette nouvelle. Merci de votre lecture fidèle ! 

Chapitre 1Chapitre 9

J’ai parfois l’impression d’avoir passé ma vie en quête d’esthétique, aussi bien dans mes lectures, mes recherches, mes ambitions poétiques que dans mon quotidien de femme sensible à la beauté sous toutes ses formes. Mais nulle forme ne m’a autant émue que celles que je caresse du bout des doigts. Avides, mes regards absorbent chacune de ces courbes délicates.

Violette frissonne. Pourtant, elle ne remontera pas le drap. Nous avons chacune besoin de cette minute de contemplation de l’autre, cette minute pour une éternité de souvenirs, de plaisirs condensés en un sens. Mes yeux sont ma peau, ma langue, mes oreilles. Ils apprennent d’un sourire, d’un souffle, d’un parfum. Je veux tout savoir d’elle, je veux prendre le temps de la découvrir. Si nous nous taisons, c’est dans le recueillement de nos cris à venir. Dans son regard, je devine le désir, encore.

Il n’y aura pas d’essoufflement ce soir.

C’est elle qui rompt l’immobilité consentie. De son bras chaud, elle vient enserrer ma taille, imposant par ce geste une indéfinissable sensation de quiétude et, simultanément, une excitation fiévreuse. D’un mouvement leste de son bassin, la voilà qui me recouvre de tout son corps, sa bouche narguant délicieusement mes lèvres. Espiègle, elle les pince délicatement de ses lèvres si douces. Je m’abandonne à son jeu, guettant docilement le meilleur moment pour rentrer dans la partie. Quand sa bouche s’applique à dessiner les reliefs de mon cou en remontant, dangereuse, jusque sur la mienne, je m’efforce de résister à l’envie de l’embrasser. Chastement, je viens poser mes mains sur ses hanches irrésistibles. Mes caresses adoptent le rythme de ses lèvres.

Je ferme les yeux, soumise à l’émotion enivrante de son corps sur le mien. Nos peaux, comme nos chairs, se reconnaissent et s’apprivoisent. L’entente est feutrée, si tendre… Partout, son contact nourrit et éveille. Prisonnière de ses charmes, je me livre et goûte à ces libertés qui n’ont d’autre espace-temps que la rencontre de nos peaux. Tout se joue dans l’absence de vide entre nous. Rien ne m’emplit autant que notre promiscuité.

Quand ses lèvres se posent à nouveau sur les miennes, s’entrouvrant cette fois pour laisser sa langue se frayer un passage, je ne résiste plus. Notre baiser se fait aussi intense, aussi nu et passionné que nous-même. Mes bras l’étreignent sans modération. Je bois à sa bouche tous les mots que nous taisons encore, affamées de mouvements, d’actes, de vrai. Les mots viendront plus tard. Ils ne nuanceront pas, ils ne décevront rien. La conversation de nos corps ne se tarira qu’à l’heure bienheureuse de l’épuisement. Au fond de moi, un sourire satisfait : je ne rentrerai pas ce soir.

Sans la moindre innocence, Violette fait glisser sa jambe entre mes cuisses. Il n’en faut pas plus à mon sexe pour se mettre à bourdonner. Si habituellement le désir est une pulsion dévorante, qui a tendance à faire passer tout le reste au second plan, avec elle, il devient violent, annihilant réalité et conventions. Sous son corps, je ne suis plus qu’instinct primaire et animal, charnel et voluptueux.

D’une langueur quasi cruelle, elle se met à remuer sur moi et mon corps entier épouse le mouvement de ses vagues. Je sens son sexe s’ouvrir sur la peau tendue de ma cuisse et je sais que le mien a déjà inondé sa jambe de mon plaisir. Au moment où ses coudes se plantent autour de mes bras pour qu’elle puisse plonger son regard dans le mien, mes mains agrippent les rondeurs aguicheuses de ses fesses. Le rythme s’intensifie alors : nos respirations jumelles accusent les à-coups du désir et les pointes tendues de ses seins frôlent outrageusement ma poitrine brûlante. Son regard se brouille, égaré sur l’écran de son plaisir. Je l’observe, impudique. Je pense bien n’avoir jamais rien vécu de plus grisant. De mes mains, j’appuie encore le mouvement de son bassin, accélérant à peine mais creusant encore plus ce frottement délicieux, arrachant un gémissement affolant à mon inspectrice incandescente.

Ses tétons provocateurs s’accrochent aux miens, la peau souple de nos ventres se fait moite et glisse presque bruyamment, étouffée par nos halètements. Je pourrais jouir comme ça, je le sens. Mais pour l’instant, je suis totalement fascinée par les expressions de son visage. La regarder faire monter le désir en elle, en nous, par ce simple balancement des corps, voir ses traits s’abandonner à cette quête de plaisir à la fois si égoïste et partagé, c’est terriblement excitant. Je veux la voir jouir sur moi, je veux sentir son sexe couler sur le mien.

Pendant une seconde, j’interromps le rythme de nos hanches. Surprise, elle m’interroge du regard pendant que je m’efforce de glisser mon autre jambe entre les siennes. Je lui souris, elle comprend et se positionne sans ménagement à califourchon sur moi. Les lèvres humides de son sexe viennent s’écraser sur le relief prononcé de mon pubis et déjà, elle reprend sa danse ensorcelante. Ses bras se tendent, son dos se cambre et ses seins s’agitent juste sous mon nez. Impossible de résister. Mes lèvres se posent d’abord presque chastement sur son grain de beauté. Du bout de ma langue, j’en lèche les contours avant de refermer ma bouche sur la pointe ferme de son téton. Les mouvements de nos corps m’incitent à alterner d’un sein à l’autre, sans précipitation, alors que mes mains s’impriment de plus en plus fort dans la chair ferme et douce de ses fesses.

Ivre du plaisir de sentir la convexité de mon sexe s’insinuer dans la tendresse de ses chairs, ses gémissements me font perdre la tête.  Son propre plaisir coule maintenant en abondance et le frottement fluide de nos sexes l’entraîne toujours plus haut, vers une jouissance imminente. Je veux savourer cet instant. Graver chaque son, chaque sensation, chacune de ses expressions dans ma mémoire, mais surtout : je veux qu’elle explose sur moi. Frénétique, mon bassin se soulève à la rencontre de son sexe, tandis que ma bouche se fixe sur un téton qu’elle suce et mordille délicatement. Violette crie presque… Oui, elle crie ! C’est alors que son corps se tend complètement, le dos arqué, les yeux grands ouverts… et son cri devient râle et hoquets pendant que nos corps décélèrent mais s’aiment toujours.

Entre mes jambes, le bourdonnement s’est fait tremblement de terre, volcan. Son orgasme aura presque suffit à déclencher le mien ! Je suis quasiment aussi secouée qu’elle quand, enfin, son corps se relâche et vient s’étendre mollement sur le mien. Avec toute la délicatesse du monde, je passe ma main dans ses cheveux, dégageant son visage. Dieu qu’elle est belle ! Les joues rougies par l’effort, le souffle court, un franc sourire de satisfaction sur les lèvres, c’est… oui, c’est cette image que je veux garder d’elle, toujours ! Le menton posé entre mes seins, elle me renvoie la tendresse de mes regards conquis.

« Maëlle, me chuchote-t-elle, très sérieuse tout à coup.

– Oui ?

– J’ai envie de toi. »

Non, ce n’est pas l’heure des mots. Pourtant, ceux-là… D’ACCORD !

Chapitre 11

Photo par Harry Kerr (et je renvoie à cette sélection qui m’a bien plu et que je partage avec vous !)

35 commentaires

  1. Oh lalalala… Je… Comment dire… J’ai envie de dire plein de trucs que j’ai pas le droit de dire ici. C’est presque une torture, ce texte. Et à la fois si vivant, vibrant, ça donne envie de… mmm… de vivre.
    @pucedepoesir, tu es juste un trésor.

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  2. Hum toujours aussi bon, on sens le changement de plume mais pourtant les deux se complètent bien.
    Bref j’adore. Mais comme toujours je réclame la suite, car oui, qu’est-ce qu’il se passe le lendemain ? 😉 Elles ne vont pas rester enfermé dans cette chambre éternellement (même si à leur place je trouverais ça tentant)…

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  3. 😀 😀 😀
    Rentrer demande de prendre son temps, ça n’est pas @Caro qui le niera ! Pas d’intrusion intempestive… De la douceur, de la délicatesse, de la persuasion souterraine…

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  4. Eh bien, ça fait toujours autant envie… (oui, je sais, c’est fait pour. Et ça marche !) et me rappelle cruellement qu’il n’y a toujours personne dans mon lit…

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    1. @garance c’est quoi cette dernière phrase ? On a l’impression que tu caches un appel de détresse derrière ce message subliminal !
      SOS manque d’amour ! 😀 😀
      @pucedepoesir Tu as bien travaillé ! C’est … Parfait ! 😀
      haha sur yagg on inverse les rôles ! Tu es l’élève et NOUS sommes les professeurs ! 😀

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  5. C’est sublime.
    Je n’ai rarement lu d’aussi belles lignes depuis longtemps. Votre plume est source de plaisir à chacun de vos mots.
    Cela paraît tellement réaliste, qu’on pourrait croire qu’on est à la place de chacune des deux protagonistes.
    Vous arrivez admirablement bien à donner une sixième dimension à votre récit…
    Tout simplement merci.

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  6. Ben moi c’est à vos commentaires que je suis sensible, @Soare ! 😀 😉
    Comment rester humble ?
    On va encore me traiter de Diva… 😀 😀 😀 (J’entends déjà rire @dwarfy 😉 )
    Merci pour la lecture. Je m’efforcerai donc à l’avenir de proposer des lignes encore plus belles ! 😉

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    1. Tous ces commentaires confirment largement ma théorie… tu es une Y…S… !!! C’est indéniable ! Régale nous encore et encore de cette prose sensible et sensuelle. Tu es talentueuse. 😉

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  7. Comment rester humble?… En restant vous même… tout en continuant de proposer des lignes aussi délicates, sensibles, sensuelles que vous savez si bien écrire.

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  8. Ce n’est pas un ordre… je réponds simplement à votre question…
    Surtout si vous aimez être traitée comme une « Diva » !… je plaisante, évidemment.

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  9. Yahoooo. Toujours aussi excellente @pucedepoesir, ça faisait un bon moment que j’avais pas mis les pieds par ici et sur Yagg mais je regrette rien. Ta plume est toujours aussi palpitante. Je viens de me Tout lire. Et je reste en Haleine En attendant le. Chapitre suivant . :-).

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  10. C’est dommage, ce manque de suite, j’attendais avec impatience de savoir comment Violette allait pouvoir rédiger son rapport d’inspection après tout ça… 😉

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  11. @garance-tdt : il y a bien une suite (et fin) au programme, mais les aléas de la vie font que nous devons la reporter… sans doute pour quelques semaines encore… Toutes nos excuses. Nous espérons néanmoins que ce sera pour le bien de la narration (et le bonheur des lectrices-lecteurs… même si d’ici là, ça n’intéressera sans doute plus grand monde…)

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  12. @pucedepoesir Hé hé ! C’est bon on est en vacance désormais ! 😀 Alors reposes-toi un peu, souffles un coup mais n’oublies pas tes devoirs de yaggeuse ! 😀 😀 😉 Je n’oublie pas en tout cas 🙂

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  13. Depuis que c’est indiqué qu’il y aura une suite… C’est terrible si j’avoue que je regarde presque tous les jours si elle y est ?
    Cette femme mystérieuse, au grain de beauté sur le… sein… me manque !
    En espérant voir prochainement cet épisode tant attendu… je vous souhaite de bonnes vacances !

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