Eau de lune

Quelques mots en souvenir des balades poétiques d’Aiglun…

 

 

Dans l’intimité de ta roche, nous blottirons les mots

 

Rituel de passage pour gagner ton secret

Je dépose le trivial à ton orée

 

In naturalibus

Je m’exode et m’avance

Je te le dois

Comme cette vérité escarpée que tu exhibes, mammaire

Ecueillant à ton flanc calcaire nos pas résolus

 

Verbe méritoire

Ta sente se dévoile à peine

On la pressent

On l’arpente en chemin de Foi

Dans le silence païen des clues

Rythmé par des conciliabules de cigales et le borborygme des éboulis

 

Sous la plante de mes pieds

Tes racines bossent et creusent

Rédigeant ton histoire pour qui la foule

 

Mesurant mon privilège

Je te ponctue dempreintes et nous conjugue alors

Nous harmonise, enfin

 

Le cortège dont je suis l’infime et le tout

Evolue lui aussi

Chacun le tait

Chacun le sait

Et nos solitudes plurielles s’accorderont là

Au diapason de ta chair

 

Atteindre ta pudeur

 

Entre tes ruines augurales

Passer corps et âme

Être du souffle et du présent

Rendu et offert

 

L’atmosphère se charge

Des échos minéraux qui nous résonnent

Et la parole ainsi déclamée

Mue, se meut et émeut

Au précipice de soi

Jusqu’à la fibre embryonnaire de ce qui a été

Et de ce qui pourrait être

 

Les possibles foisonnent et fusionnent

Dans le temps du dire

Et burinent la mémoire comme les voix martèlent la roche

 

Là, je suis

Béante et vulnérable au monde tutélaire

Sise à même la pierre fraîche

Consciente d’être sous l’influence hypnotique du poème, de l’Être et de la vie

 

Paradoxe de la transe et du mouvement

Le Verbe se déverse et comble

Sans limite

Les présences opportunes

 

Chanté, scandé ou balbutié

Le texte fait office de murmure comme de cri

Il se déballe et s’étale sur toute la langueur du couchant

Modulant, mélodique, ses airs récréateurs

 

Quelque part

La lune contemple son édifice

Confidente des secrets avoués à tes parois

Et le répète aux eaux absentes

Qui cavent d’autres altitudes

 

L’aveu nu du crépuscule éteint sobrement cette extase

Et dans le chuchotement des mésanges

Il faut quitter ton écrin

Sans empressement

Sans enfantillage

 

Que la promesse tacite d’un retour prochain que je baise à ta joue silicate.

 

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Vues panoramiques de l’Arpille, sommet atteint à la seule force de mes (trop) petites jambes dans l’arrière-pays grassois (06)

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